Rien, elle se souvient de rien si ce n'est qu'elle veut être princesse, alors elle brandit un bout de bois, debout sur un silo de betterave et elle dirige sa cours, elle est fier de ses sujets.
Elle entend sa mère au loin l'appeler mais son petit monde est trop important pour le quitter maintenant. Tout est parfait dans sa tête de petite fille aux yeux noir et aux cheveux brun sale et mal coiffé.
Elle doit avoir six ans tout au plus, elle joue avec rien, avec ses rêves d'enfants qu'on a posés là, elle joue, elle joue si fort, si vite qu'elle tombe au fond du fossé qui protège le silo des intempéries, la réalité et la douleur lui font quitter son château, elle pleure mais personne ne l'entends, personne ne la voie elle est seule avec sa peur et sa douleur
Comment rejoindre sa mère cette femme dont elle a peur, une menace pour les rêves de cette petite souillon qui pleure et qui finira par écouter la raison et la rejoindre en prétextant que ses chaussures sont trop petite et qu’ils la font boiter. Paroles d'une enfant que personne n'écoute et que l'on place sur le bord du chemin en attendant le retour à la maison, la douleur ne la fait plus rêver, elle se cache dans un silence insoutenable ou règne la peur et la méfiance comme si elle attendait le jugement d'être tombée.
Le chemin de la maison est long et plein d’embûches pour de si petites jambes, elle prend la main de sa mère qui lui sert ses petits doigts et elle avance pleine de courage tirer comme un sac qui rebondit sur les cailloux laissant derrière elle son château, son épée et sa peur.